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Loge de recherche Hérédom des Parisii

Le Rite Ecossais Primitif, transmission et pratique

16 Juin 2014 , Rédigé par E.°.R.°. Publié dans #morceau d'architecture

Le Rite Ecossais Primitif

Ce texte est une reprise des travaux de notre F.°.Er.°.R om.°.et des archives de la L.°.Mère « La Lumière Écossaise » que nous avons cru bon de diffuser en son temps dans le but d’éclairer partiellement les FF.°..L’expérience démontre que la diffusion d’informations parcellaires donne parfois lieu à des interprétations sujettes à caution.

Nous aurons l’occasion lors de prochaines parutions de mieux éclairer les « cherchant » de bonne volonté, par des travaux plus complets, fruit de 30 ans de recherche...

Rite Ecossais Primitif en France, aperçu historique

Le « Rite Ecossais Primitif » semble l’un des plus ancien Rite maçonnique symbolique et traditionnel encore pratiqué de nos jours : il peut donc être considéré comme l'ancêtre de certains Rites. Il souche en lui, l’ensemble des dérivés qui vont prospérer à compter de la deuxième partie du XVIIIe siècle. L’initiative du réveil du Rite revient à Robert Ambelain, détenteur des patentes et des éléments transmis par ses glorieux aînés, qui malgré les années noires de la seconde guerre mondiale, a su remettre en forme et en ordre la quasi-totalité du Rite.

C’est un véritable travail de chartiste que l’intéressé a effectué, un travail de vérification et de recherches dont l’objectif avoué consistait à rendre au Rite Ecossais Primitifs ses ors et son sens primordial. Il a dû prudemment tenir compte des évolutions tectoniques de la Franc-Maçonnerie spéculative.

Ce parcours de vérification, d’une masse documentaire digne des plus grands encyclopédistes, fut mené dans l’après-guerre, jusqu’en 1985. Il s’agissait d’accorder ladite documentation, dont il était pour partie dépositaire via patentes et rituels, avec les sources historiques des premières implantations de LL\ maçonnique en France. Cette recherche s’effectuant sur un plan historique, avec une tradition essentiellement orale, mena l’intéressé vers un travail de recoupement et de synthèse, dont nous profitons aujourd’hui. L’écueil des excès de transformation des rites n’a affecté le REP qu’à la marge. Ainsi, les décors originaux du rite non francisés, lui ont été restitués en fonction de la tradition des loges régimentaires.

La légende d’Hiram dont l’apparition est postérieure à 1730 est expurgée, suivant les termes du S\G\M\« de son caractère contre initiatique et antichrétien ». Pour l’essentiel, il s’agissait de rétablir le sel et le mercure des rituels d’origine, tout en acceptant une partie du souffre des adaptations historiques, qui consiste en l’apparition du grade de M\ et de sa légende, soit l’élaboration d’un écossisme ramené a une simplicité aussi indispensable qu’originelle.

Contrairement à une idée répandue, la Franc-Maçonnerie spéculative des origines n'est pas née de la G\L\de Londres fondée en 1717 par le pasteur James Anderson. Bien que cet événement cristallise en lui certaines influences, la Franc-Maçonnerie française descend naturellement des premières LL\ installées par les immigrés de la Grande île et ceci dès le 26 mars 1688.

Depuis cette date, point de départ historique, nous avons la preuve de l'existence de LL\militaires Stuartistes, composées d’officiers et de bas-officiers, au sein des régiments écossais et irlandais ayant fidèlement escorté le roi Charles II d'Angleterre dans son exil français. D’après Robert Ambelain « ce sont ces loges militaires qui introduiront en France la maçonnerie avec l’arrivée de Jacques II d’Angleterre en exil à Saint-Germain-en-Laye, et les régiments fidèles qui l’on suivi, composés d’Écossais et d’Irlandais, catholiques, protestants ou anglicans, mais liés par leur serment de fidélité au souverain ( Franc-Maçonnerie oubliée, p. 35). Cette incursion au royaume de France pris racine et se ramifia dans un mouvement plus large pour constituer les LL\ Stuartistes ou Jacobites. 1688, constitue la base de nos recherches sur le Rite Ecossais Primitif. À ce stade, il convient d’aborder l’étendue de la recherche autour du terme « Early Grand Scottish » dans des textes ou témoignages antérieurs. On trouve mention du « Rite Ecossais Primitif » dans un des plus anciens documents maçonniques existants. Nous reprenons les recherches de l’archiviste de la « Lumière Ecossaise » à l’Orient d' Ollioules, une des deux dernières LL\ régulières en lignage direct d'avec Robert Ambelain : « Ce document datant du 16e siècle (1590), est d'importance, car il est écrit de la main d'un « F\ Visit\» assistant à la réception d'un App\ lors d'une tenue de maçonnerie spéculative au « Early Scottish Rite » et qui relate sa visite. C'est l'un des tous premiers documents faisant état de l'existence d'une maçonnerie spéculative ».

C’est ici une contribution d’importance qui, sans constituer une preuve en soi, nous oblige à faire état des évolutions des rites en Écosse et en Angleterre. Jusqu’en 1630, les anciens devoirs qui dominent les rituels maçonniques opératifs sont de nature gothique et directement sous influence catholique.

Cette influence, ainsi que les dorures du gothique tendent à diminuer, notamment au profit de l’anglicanisme. L’arrivée des calvinistes va remettre en cause l’ancien style et l’ancienne tradition des cathédrales, au profit d’une démarche stylistique plus épurée, tout en maintenant un devoir de mémoire imposé par les Statuts de William Schaw de 1598 et 1599. Il y met au point, pour toute l'Écosse, une réglementation en langue écossaise, de la profession de maçon "opératif", distincte des guildes de métier ainsi qu’une réglementation fonctionnelle et hiérarchique des LL\ maçonniques à trois niveaux: Apprentis-entrés, Compagnons et Surveillant de la L\ (« interit prenteiss, fallow of craft, warden »). Le terme de maître maçon (master massoun) y est également employé, mais il désigne un état d'artisan et non pas une fonction dans la L\.

William Schaw imposa aux LL\ opératives le « devoir de mémoire » et la présence d’un secrétaire.

C’est dans ce cadre que va s’élaborer le « Masson Word ». Ce nouveau rituel s’établit dans la région de Kilwinning en Écosse vers 1630. C’est la conjonction des deux séries, rituels catholiques et Calvinistes, qui donnera naissance au « Early Grand Scottish ».

L'histoire apportera son lot d’inflexions, pour en arriver à une période dite de transition où l’on verra des tiers, non maçons, être « acceptés » dans ces confréries opératives, amenant leurs connaissances, leurs finances et leurs relationnels. Trois points qui semblaient indispensables à la survie et la revitalisation de ces LL\ en perte de vitesse depuis l’arrêt des grands chantiers.

À la suite de Robert Ambelain, nous pouvons affirmer que ce rituel trouve son fondement légendaire et probablement historique dans ce centre Traditionnel de l'écossisme des origines, soit à Kilwinning en Écosse, et plus précisément sur le mont Heredom. À ce stade il est bon de rappeler que légendes et mythes ont toujours tissé la toile de fond des rites opératifs et spéculatifs et que le travail de l’historien doit s’en accommoder, au risque d’ignorer la plasticité initiatique de la Franc-Maçonnerie de tradition.

Le REP se prévaut d’avoir la même tradition originelle que l'ordre fondé par Robert Bruce le 24 juin 1314 pour célébrer la victoire écossaise de Bannockburn avec l’appui de templiers réfugiés. La dénomination de l’Ordre de Saint André du Chardon sera relevée par Charles II en 1658 à Londres dans le but de décorer le général Monck et ses partisans vainqueurs. Elle constituera un ensemble d’hommes aguerris, conquis à la cause Stuartiste et aboutira à une duplication maçonnique de l’ordre sous le titre de M\ Écossais, Chevalier de Saint André du Chardon. Ce grade, aujourd’hui pratiqué au REP est « bicéphale », en ce sens qu’il s’attache au grade de maître écossais qui autrefois avait barre sur les LL\car il alimentait la charge de M\de L\, et qui au surplus constituait le développement naturel du grade de Maître, vers un exaucement chevaleresque sur lequel nous reviendrons.

Ce seront de très fidèles maçons qui animeront les LL\françaises durant l’exil et apporterons aux grades supérieurs de l’écossisme une double lecture du grade. La première sera liée à la bible et à la connaissance symbolique de Esdras I et II, avec toute la charge mythique de l’exil et du retour, mais aussi et de manière plus prosaïque, le retour conquérant vers la Grande île et la reconquête du trône. Il y a donc une pensée symbolique de haute volée, et sa duplication politique de circonstance.

Une prudence sémantique s’impose cependant lorsqu’il s’agit de rechercher l’origine d’une expression qui, par sa nature même, peut être considérée comme générique. Peut-on en effet soutenir durablement que la préexistence d’un rite ne tienne qu’à sa provenance et sa dénomination ? Certainement pas.

Aussi au risque de blesser certains dans leurs vérités acquises depuis 1991, il me semble utile de comparer les rituels pour admettre une filiation « Early Grand Scottish ».

Il sera enfin possible de déterminer, avec la variable imposée par le temps et les adaptations aussi nombreuses que circonstancielles, à quelle souche peut être raccordé tel ou tel rite pratiqué. Quoiqu’il en soi, on retrouve mention de ce rite dans « Rituels et Degrés du Early Grand Scottish Rite » publié en 1890 par Mattew Mc Blain.

Ce dernier, malgré les réserves que l’on peut faire sur son parcours, y précise que ce rite est le plus ancien des anciens rites : « The primitive Early Grand Scottich Rite is the oldest practised by the Grand Council ».

Ceux-ci se comprennent comme le système qui précède et inspirera les rites dits écossais comme le RER le Rite Zinnendorf, le Rite Suédois, la Stricte Observance Templière, d’une part, et d’autre part, le REAA.

Il est important de préciser que le terme de Rite dit « Écossais Primitif » recouvre une multitude de rites anciens qui d’un même souchage ont produit des variantes aussi nombreuses que les villes ou ils furent pratiqués. C’est ainsi que certains hauts dignitaires de la maçonnerie du XVVIIIème siècle détenaient jusqu'à 1500 rites (Voir à ce sujet les apports des Chefdebien aux Chapitres et Orients auxquels ils participèrent.)

La destinée Stuartiste et mouvement Jacobite

Le Rite Ecossais Primitif a dès son implantation en France, parti lié avec la famille royale Stuart, dans une longue lignée de cousinage. Il est nécessaire de rappeler les liens particuliers qui existent depuis la guerre de Cent Ans entre la France et l’Écosse, marquée par le mariage de Louis XI et de Marguerite d’Écosse fille de Jacques Ier en 1436. Louis XIII devient beau frère de Charles Ier. Louis XIV sera cousin germain de Charles II et de Jacques II, Louis XV cousin de Jacques III, Louis XVI de Charles III, et Louis XVIII celui de Charles X.

Robert Ambelain dans ses différents courriers et communications verbales, nous a décrit de manière suffisamment précise l’arrivée du rite transporté dans les bagages des officiers et bas officiers des régiments irlandais et écossais.

Cette arrivée sur notre sol s’explique par les problèmes politiques et religieux qui sévissent chez nos voisins anglais, écossais et irlandais. La révolution est en marche de l’autre côté de la Manche. La fraction catholique Stuartiste menée par Charles II d’Angleterre est en difficulté face à la maison de Hanovre et obtient l’asile pour lui-même et quelques régiments constitutifs de sa garde, embryon de corps expéditionnaire en vue d’une reconquête ultérieure.

Cette arrivée des régiments fit l’objet d’un morceau d’architecture lue par Robert Ambelain, en L\féminine de Memphis Misraïm R\L\Le Delta au zénith de Neuilly sur Seine, le mardi 8 octobre 1991.

Il est précisé dans ces travaux, le rôle de protecteur de la famille Stuart sur l’Ordre maçonnique au travers de ses différents rois : Charles 1er, Charles II, Jacques II, Charles III. Protecteurs de la Franc-Maçonnerie, ces rois favorisent la diffusion des cet ordre initiatique parmi d’autres à l’époque, donnant ainsi ses lettres de noblesse à cette maçonnerie écossaise qualifiée plus tard de Jacobite.

On relève dans ce sens Charles Ier favorisant la publication des textes mystiques tel que ceux de Jacob Böhme. Charles II en 1672 promulgue l’édit de la liberté de conscience. Jacques II emboîtera le pas de ses aînés.

Un accord est trouvé avec le Roi de France Louis XIV pour que ce corps expéditionnaire et la dynastie déchue soient cantonnés à Saint Germain en Laye et ceci de 1651 jusqu'à 1659.

Au plan international le Royaume de France voit d’un bon œil tout ce qui est de nature à lutter contre les puissances maritimes protestantes. Ces régiments repartent à la conquête de leur île d’origine. Le Roi Charles II sera enfin couronné en 1661.

Son frère cadet prend la succession de Charles II décédé en 1685. Jacques II est le troisième fils du roi Charles Ier, décapité lors de la révolution de 1649, et de la reine, née Henriette de France, fille d'Henri IV de France. Il est aussi le cousin germain du roi de France Louis XIV, et l'une de ses sœurs, Henriette d'Angleterre, épouse Philippe de France, duc d'Orléans, frère dudit Louis XIV. Preuve de la confiance et du soutien de son frère aîné, le 27 janvier 1644, il est fait duc d'York, titre traditionnellement conféré au second fils survivant des souverains anglais. Les liens de parenté vont prévaloir dans tous les aspects y compris dans la liberté et l’usage qui va précéder l’implantation des premières loges en France, du moins dans les trois premières décennies.

Louis XIV apporta son soutien à Jacques lors de son exil. Il l'avait déjà fait duc de Normandie peu après la restauration de Charles II.

L’évènement majeur qui va causer sa perte est sa conversion au catholicisme de manière secrète.

Le témoignage de son ouverture d’esprit est essentiellement marqué après son avènement, par les faveurs accordées aux Églises minoritaires (dont l'Église catholique), et par l'accueil d'un nonce apostolique à Londres.

Face au risque de dynastie catholique, la naissance d'un héritier mâle en 1688 inquiète la grande majorité de ses sujets. La noblesse tente un rapprochement avec sa fille Marie et son époux Guillaume d'Orange, chef des armées hollandaises dans le but de renverser le roi. Ceux-ci débarquent en 1688, à Torbay, entraînant la fuite de Jacques II sans combat le 11 décembre 1688, il finit par déposer le pouvoir le mois suivant. Il trouve refuge auprès de son cousin germain, Louis XIV comme nombre de ses partisans (d’où l’appellation Jacobites). Pour aider sont cousin le catholique Jacques II d'Angleterre, à retrouver son trône, Louis XIV lui propose une flotte et des hommes mis sous l'autorité de Tourville.

L'embarquement est prévu en Cotentin avec vingt mille hommes et soixante-dix vaisseaux pour débarquer près de l'île de Portland. L'opération tourne à l'échec au cours de la bataille de la Hougue. Il réside au Château de Quinéville durant ces événements et assiste au désastre depuis le clocher du village. Ces évènements sont connus sous le nom de « Glorieuse Révolution ». Pour contrer la Ligue d'Augsbourg (Angleterre, Provinces-Unies, Autriche, États d'Allemagne, Espagne), Louis XIV tente de replacer Jacques II sur le trône et ainsi de déplacer la guerre en Angleterre. Jacques II subi une succession de défaites suite au débarquement en Irlande, au siège d’Athlone, à la bataille d'Aughrim et au siège de Limerick. Ces défaites lui ôte tout espoir de retrouver son trône.

Jacques II meurt le 16 septembre 1701 au château de Saint-Germain-en-Laye sans avoir pu reconquérir le trône. Son corps est inhumé en l’église paroissiale.

On remarquera que de nombreuses familles exilées ont fait souche sur le continent et à Saint Germain notamment, on y trouve trace de leur implantation au cimetière de la ville.

Les exilés Stuartistes auraient contribué à fonder plusieurs loges maçonniques en Europe, à la suite des LL\ militaires irlandaises et écossaises. Ce rapide survol événementiel met en avant trois points fondamentaux :

- Les Stuarts ont toujours été un soutien indéfectible à la Franc-Maçonnerie ;

- Les liens d’amitié et la filiation entre la France et l’Écosse sortent renforcés par ces évènements et vont contribuer au bon accueil des exilés avec leurs usages maçonniques ;

- La reconquête du pouvoir est une constante politique qui va hanter les relations internationales, relayée par l’activité conspiratrice des LL\dites Jacobites.

En trois ans de règne seulement, Jacques II a fait preuve d’un sens de l’État mêlé à ses convictions personnelles. À l’égal de ses devanciers, on prétend qu’il fut G\M\ de la Franc-Maçonnerie. Il est certain que son empathie était totale. Il appuie par ses actes une forme de liberté de conscience.

La déclaration dite d’indulgence de 1687 et l’édit de Tolérance de 1693 ont joué un rôle majeur dans l'histoire politique anglaise avant d'être rejetés massivement lors de la Glorieuse Révolution de 1688, au cours de laquelle les intellectuels whigs décident d'appeler à l'aide les Néerlandais et les réfugiés huguenots français des Provinces-Unies pour se débarrasser du dernier représentant de la dynastie catholique Stuart. Cette politique transfrontalière est fondée sur l’ostracisme religieux qui régnait sur la Grande île qui fût la base de son rejet, les considérations de politique internationale vont rejoindre cette opposition entre catholiques et protestants.

Cousin et ami proche de Louis XVI, Jacques II trouve asile en France, avec une importante colonie de soldats Jacobites (le nom vient du sien), installés à Nantes, d’où ils préparent les tentatives de reconquête de 1692, 1707, 1711 et 1746.

Ses fidèles amis de la dynastie marchande des Irlandais de Nantes, menée par Anthony Walsh, père et fils, prirent le relais et jouèrent un rôle central dans l'expansion coloniale du XVIIIe siècle aux Antilles.

Au plan sociologique, on notera l’afflux vertigineux pour l’époque de quarante mille réfugiés sur le territoire du royaume de France ; composés pour l’essentiel de militaires et pour 40% d’aristocrates, qui feront souche apportant outre l’esprit Jacobite, les usages rituelique des LL\dites écossaises et irlandaises. Ce fait induit naturellement une diversité des rituels appliqués en royaume de France en fonction de la provenance des maçons. Il faut comprendre que le rite écossais primitif d’Edinburgh ne pouvait être identique à celui qui avait cours à Dublin ou à Londres.

Saint-Germain-en-Laye en 1688 devient le centre de la résistance Jacobite en exil. Les réfugiés sont hébergés au château.

Loges écossaises et jacobitisme

Nous abordons ici un versant plus prosaïque du développement des LL\écossaises dans le royaume de France. Le « jacobitisme » historique était un mouvement politique, fondé entre 1688 et 1807, composé d’individus qui soutenaient la dynastie détrônée des Stuarts. Ils considéraient comme usurpateurs tous les Rois et Reines britanniques ayant régné pendant cette période. Ce mouvement, plus qu’une tendance politique correspond à un état d’esprit très proche de l’esprit français de l’époque, recherchant un point d’appui anti Hanovrien.

Le « jacobitisme » moderne est un petit mouvement composé de ceux qui considèrent toujours comme illégitimes les rois et les reines régnants sur les pays de l'Empire britannique et du Commonwealth depuis 1688 jusqu'à aujourd'hui. Les Jacobites modernes considèrent de fait que la reine Elisabeth II (née en 1926, reine depuis 1952) n'est que "la princesse Philippe de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg".

Jacques II et VII fut contraint d’abandonner le pouvoir à cause de l'invasion de l'Angleterre par les troupes hollandaises de son neveu et gendre Guillaume III, prince d'Orange. Guillaume a été invité à renverser son oncle par certains hommes politiques appelés les Whigs.

En 1689, Guillaume et sa femme la princesse Marie sont conjointement proclamés « Roi et Reine d'Angleterre, d'Irlande et d'Écosse ».

Guillaume III et Marie II par le truchement des parlements d’Angleterre et d’Écosse s'arrogent le droit d'exclure du trône le Roi Jacques II et son fils Jacques, le prince de Galles. Le parlement d’Irlande n'a jamais été consulté (depuis 1494, le parlement anglais avait le droit de faire des lois pour l'Irlande sans consulter le parlement irlandais). La Reine Marie II meurt en 1694; le Roi Guillaume III continue de régner seul jusqu'à sa propre mort en 1702.

En 1701 le parlement anglais déclare qu'aucun catholique (ou personne avec un conjoint catholique) ne pourra hériter des trônes britannique et irlandais. Les parlements écossais et irlandais refusent de promulguer la même loi d'interdiction. Le roi Guillaume succède sur les trois trônes, et sa belle-sœur Anne est couronnée Reine Anne Ire de Grande-Bretagne. Pendant son règne le parlement écossais est aboli, le parlement anglais absorbant les députés et les pairs écossais.

Ce parlement a changé son propre nom et le parlement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne a définitivement remplacé les parlements d'Angleterre et d'Écosse. Ainsi les lois anglaises sur la succession sont devenues des lois britanniques. Le successeur de la Reine Anne est la personne protestante la plus proche du trône. Il s'agit de Georges Ier, Électeur de Hanovre (1660-1727) un descendant d'une sœur du roi Charles Ier. Georges Ier n’était que 56e en ligne de succession, mais il prime tous les autres, (55 avant lui) qui étaient des catholiques. Il a réussi, selon la nouvelle loi sur la « Succession protestante ». Les Jacobites n'ont jamais reconnu ce deuxième coup d'État non plus. De 1688 jusqu’à la mort de la Reine Anne, les partisans de ces "coups d’État" ont été appelés les Orangistes (d'après Guillaume d’Orange).

Par la suite, avec l'accession au trône de George Ier en 1714, ces mêmes partisans ont été qualifiés d'Hanovriens.

C'est pour défendre les droits du roi Jacques II et VII et – après sa mort en 1701 - de son fils Jacques François Stuart (proclamé «Jacques III et VIII») que de nombreux Britanniques et Irlandais, devenus les Jacobites, se sont révoltés à plusieurs reprises entre 1689 et 1746. En Irlande, le roi Jacques II et VII fut battu par Guillaume III en personne à la bataille de la Boyne le 12 juillet 1690 et à la bataille d'Aughrim. De nos jours la bataille de la Boyne est célébrée par un jour férié et de grands défilés par les protestants "Orangistes" en Irlande du Nord. L'insurrection continua jusqu'en 1692 quand les derniers Jacobites irlandais furent contraints de fuir le port de Limerick au sud-ouest de l'île et d’aller vivre en exil en France. Ils sont connus dans l'histoire irlandaise comme les « oies sauvages ». L'Écosse, où les Jacobites furent pourtant moins nombreux qu'en Irlande, a fait l'objet de cinq tentatives de reconquête Jacobites en 54 ans, toutes lancées à partir de la France, avortées lors de la bataille de la Hougue en 1692, puis plus menaçantes en 1708, 1715, 1719 et surtout 1746.

Bataille de Culloden (1746), par David Morier

C'est en Écosse, berceau de la dynastie des Stuarts, que Jacques François Stuart ("Jacques VIII" pour les Jacobites écossais et "Jacques III" pour les Jacobites hors d'Écosse, "le Vieux Prétendant" pour les Whigs) tenta de débarquer en 1708, lança une insurrection en 1715, et encore une fois tenta de débarquer en 1719.

C'est aussi en Écosse et en son nom que son fils Charles Édouard Stuart, lança la toute dernière insurrection en 1745, battit les Anglais en Écosse à la bataille de Prestonpans le 21 septembre 1745, et pénétra jusqu'à 250 kilomètres en Angleterre où il gagna la ville de Derby (à 192 kilomètres de Londres) avant qu'il ne soit obligé par ses conseillers militaires de se retirer.

Il subit une défaite écrasante devant le prince Guillaume Auguste, Duc de Cumberland (1721-1765), fils du roi Georges II, (1683-1760, régnant depuis 1727) à la bataille de Culloden, le 16 avril 1746. La répression sur les rescapés de la bataille, et les civils vivant aux alentours fut féroce. La cause Jacobite était ruinée en Écosse. Près d'un millier de prisonniers furent réduits en esclavage et déportés aux États-Unis où ils travailleront dans des plantations.

On perçoit dès lors une farouche détermination dans cette reconquête et on comprend mieux l’intérêt à développer en France les LL\maçonniques qui servaient de lieux d’échange et de regroupement.

Souchage militaire et francisation

C’est donc l’épopée Stuartiste qui permit l’implantation des premières LL\en France. Ces LL\ essaimèrent suffisamment pour se regrouper et constituer en 1725 l'Ancienne et Très Honorable Société des francs-maçons dans le Royaume de France. C’est ici la première tentative de structuration. La Franc-Maçonnerie de cette époque est essentiellement Écossaise et Jacobite.

Le caractère militaire va marquer le pas face à l’intérêt ou la curiosité de très nombreux sujets du roi Louis XV se feront initier en des LL\ Écossaises ou Irlandaises civiles. Viendra le temps, en 1735, où le nom sera changé, ce sera alors l'Ancienne et Très Respectable Société des Francs‑Maçons du Royaume de France, groupant des LL\ exclusivement françaises, parce que composées de maçons français, faisant évoluer l’honorable en respectable.

Enfin, en 1755, ces LL\ se grouperont en une G\L\de France, laquelle onze ans plus tard, par suite d'un schisme suscité par des tendances politiques dans le vent de l'époque, verra se constituer le G\ O\de France que nous connaissons. Cette G\L\ de France disparaîtra en 1769, laissant donc la place au G\O\ de France, L'actuelle G\L\ de France a été constituée en 1897, d'une G\L\Symbolique Ecossaise réinsérant d'anciennes LL\ayant fait dissidence antérieurement.

Parallèlement à ces évènements politiques, les régiments tenaient leurs LL\ dites régimentaires en leurs différents lieux d’affectation. Le rituel tel qu’il était donné à cette époque différait de celui que nous connaissons aujourd’hui. Outre la référence au roi, le principe de base de la plupart des rituels était encore sous l’ancienne influence des anciens devoirs opératifs, mais depuis cinquante ans, les rituels dit « gothiques » et catholiques par leurs origines, se trouvent influencés voir modifiés par les rituels d’origine calviniste, souchés près la loge Kilwinning en Écosse connue sous l’appellation du « mot de maçon ».

Ce mot de maçon (Masson Word) est en réalité un mot de reconnaissance entre maçons du même grade. Les introductions concernent bien évidemment le serment sur la bible qui ne pouvait exister dans les anciens devoirs catholiques, la lecture du rituel sur le mode de la triple voix, l’instruction rythmée sur le mode question-réponse et enfin bien plus tard l’apparition d’un troisième grade celui de maître avec un rituel adéquat. Il est donc illusoire de vouloir faire coïncider les rituels d’origine militaire de l’époque avec ceux que nous pratiquons actuellement.

Tout juste arriverions-nous à établir une filiation distincte de la souche anglaise.

Ces rituels ont donc subi des adaptations plus ou moins judicieuses, mais le REP a su conserver une fraîcheur, refusant un syncrétisme généralisé ou une direction trop marquée dans un sens doctrinaire.

Le paysage qu’il offre à l’historien des rites maçonniques, à l’avantage d’une grande limpidité qui vient de son exercice militaire d’origine et d’une importation, aussi massive que subite, du rite pratiqué outre-Manche. Pour la clarté de notre exposé, nous ne prétendons pas à l’unicité monolithique du Early Grand Scottish. Nous reconnaissons à celui-ci une plasticité propre à son histoire et à son transport continental qui à défaut de moyen de contrôle d’éventuelles Grandes Loges, a pu cheminer sur différents terrains en pratiquant des adaptations nécessaires.

Les LL\ militaires ont fait souche aux endroits ou elles se sont installées et notamment à Saint-Germain-en-Laye. C’est ainsi qu’en 16 mars 1688 est enregistrée par le G\ O\ de France selon son état de 1778 la L\ militaire des gardes irlandaises « Parfaite Égalité »,

ex L\dite de « Dorrington » du nom de son colonel depuis 1651. Notons au passage que cette loge prendra encore le nom de « Walsh » par la suite. Pour finalement en 1752 prendre le nom de « Parfaite égalité » reconnue pour son antériorité.

Gustave Bord remarque que la sécularisation des LL\après la disparition des effectifs militaires s’explique notamment du fait que de nombreuses familles et non des moindres qui suivaient les rois en exil, firent souche, sans doute plus par nécessité que par goût, qu’elles continuèrent à pratiquer les rites initiatiques tout en ouvrant à la vie civile leur recrutement.

Dans une note, Robert Ambelain rappel que André Michel Ramsay, chevalier baronnet d’Écosse, Stuartiste convaincu, fut enterré à Saint-Germain-en-Laye et que sur son acte de décès figurent les signatures de la fine fleur de la noblesse Stuartiste en exil et établie au Royaume de France. Son apport fut immense et révèle la jonction existant entre la franc-maçonnerie et la chevalerie, mariant la truelle et l’épée. Il est à lui seul le témoin de l’existence d’une Franc-Maçonnerie spéculative avec une tradition préexistante à la création de la G\L\de Londres en 1717.

Ce souchage français des LL\ militaires porta ses fruits, mais il ne fut pas le seul. Quoi qu'il en soit, le Early Grand Scottish est souvent traduit par « Rite Ecossais Jacobite », ce qui atteste s’il en était besoin de ses origines.

Malgré l’exil et le décès de Jacques II Stuart, l’esprit Jacobite ne s’éteint pas. Il est entretenu par les rivalités qui se font constamment jour dans le but de reprendre le pouvoir, et par le troisième personnage qui prétend à la couronne d’Angleterre d’Écosse et d’Irlande, il s’agit de Charles III Stuart.

Il faut comprendre que les LL\maçonniques étaient par le secret rituelique qui les animait un prodigieux instrument de manipulation et de lutte d’influence. C’était tout autant un lieu de dialogue et de complot. Elles réunissaient des gens qui étaient déjà convaincus par le sentiment d’appartenance, il suffisait d’orienter le groupe pour l’acquérir à la cause. Ainsi des partisans ont pu se liguer ou se rencontrer dans un dialogue qu’on imagine fraternel.

L’épopée Stuartiste marque pour l’avenir la méfiance du pouvoir en place face à des LL\qui nuitamment se réunissent sous le sceau du secret. Les LL\ Jacobites ont en quelque sorte par les luttes d’influence des conjurés dont elles furent le creuset, inaugurés la fonction politique et donc sociétale d’une L\, en mettant le caractère initiatique entre parenthèses. D’une évolution à l’autre, l’histoire des rites maçonniques est riche de sens pour qui veut l’entendre, l’exemple le plus approprié dans notre cas fut la rectification de 1778 : Le Rite Ecossais Rectifié, fondé à Lyon lors d'un Convent organisé par J.B. Willermoz, ne fut que le remaniement associé à l’influence du Martinézisme du Rite Ecossais Primitif pratiqué par ces anciennes LL\militaires dès 1688 à Saint‑Germain‑en‑Laye. Sans vouloir blesser quiconque nous pouvons avancer que le REP eut deux surgeons le SOT et le RER.

Il faut dire que le Rite primitif avait déjà été adapté par la mouvance de la Stricte Observance Templiere et qu’il avait déjà sa pratique assurée avec des adaptations diverses dans les autres LL\écossaises. L’apport principal du convent fut de densifier l’apport des élus Cohen sur les bases Ecossaises, sans oublier la fondation Templiere de la stricte observance. Cet exercice de style était rendu nécessaire, la trop grande diversité dans l’application d’un rituel dont on avait oublié les origines cent dix ans plus tard, créa un besoin de rationalité que l’ancien système L\ Mère, L\Fille n’arrivait plus à juguler.

Ainsi Robert Ambelain faisant ici œuvre d’historien ira jusqu’a affirmer (La Franc-Maçonnerie Oubliée, p.148) : « Il est absolument certain qu’il n’y avait pas en 1771, dix LL\ tenant régulièrement leurs pouvoirs (et leur filiation surtout) de la G\L\ d’Angleterre, et il n’y avait, de Rite Ecossais, au sens propre du mot, qu’en France et en Allemagne, où il avait été introduit et adapté par le Baron de Hund. Ce rite Ecossais n’était rien d’autre que celui que nous connaissons sous le nom de Early Grand Scottish Rite, c'est-à-dire une adaptation du rituel des maçons opératifs aux aspirations des maçons acceptés. »

Leurs rituels furent apportés en 1751 à Marseille par le Stuartiste Georges de Wallnon, qui y fonda le 27 août, avec des pouvoirs venus d'Edinburgh, celle qui devait devenir la Mère L\Ecossaise de Marseille sous le nom de Saint‑Jean d'Écosse. Le REP est donc bien le rite de base dans sa forme générique, découlant des rites en cours dans les loges militaires du XVIIe siècle et s’adaptant à la vie civile, par le truchement de FF\ implantés dans la société civile et restants acquis à la cause Stuartiste jusqu’en 1750. C’est une des raisons pour laquelle la devise du Rite est « Primigenius more majorem » qui veut affirmer l’ancienneté et l’antériorité de ce rite à tous les autres.

Les Loges Jacobites en France

L’effervescence Jacobite a permis le développement de la Franc-Maçonnerie tout en donnant à cette dernière un rôle politique qui ne devait pas être le sien. En période plus calme, ce phénomène s’apaise pour laisser la place au vrai travail du maçon. Un rite une fois élaboré et implanté géographiquement peut soit végéter, soit s’éteindre, soit se développer. Nous pensons que Saint-Germain-en-Laye ne fut pas la seule implantation en France. Quand on parle de rite Ecossais Primitif il ne faut pas uniquement se focaliser sur les LL\militaires qui furent des précurseurs, mais aussi sur les civils qui en même temps créèrent des LL\ avec les rituels dont ils disposaient en partant d’Angleterre et d’Écosse et qui étaient aussi différents et variés du fait de leurs origines géographiques.

La diaspora va grandissante et s’installe partout où il est bon de commercer et partout ou existe déjà une implantation Jacobite.

Il est intéressant de noter que l’apport catholique n’est plus le seul, les événements sont tels que les exilés sont tout autant anglicans, protestants et presbytériens. Ainsi lesdites LL\oublieront rapidement les motivations politiques de leurs aînés, pour en vivre uniquement le souvenir, la légende et le mythe. De l’exil et de l’éternel retour ils feront ce que toute société initiatique s’attache à créer : une source intarissable, fécondant le processus initiatique.

Dans cet afflux régulier de réfugiés, quelques-uns ouvrent des LL\dûment patentées. D’autres constituent des LL\ qui pour le coup sont purement spéculatives et sans filiations directes. On retiendra à titre d’exemple l’intervention de trois personnages fondateurs de LL\Jacobites : Charles Radcliffe, le Marquis de Calvières et Georges de Wallnon.

On citera le premier et finalement le plus remarquable, Charles Radcliffe, lord Derwentwater en 1726 qui allume les feux de la L\Jacobite « Saint Thomas 1er ». Homme remarquable, ayant participé aux tentatives de reconquêtes Jacobites, fait prisonnier puis évadé. Il fut initié par Ramsay et il ouvre l’une des premières LL\ civiles. Il fut nommé premier grand Maître de l’Ordre à la Saint-Jean d’hiver 1736. Il transmet son maillet au Duc d’Antin en 1738, et pris part à l’expédition manquée de 1744. À nouveau prisonnier, détenu à la tour de Londres il fut décapité le 9 décembre 1746. Son parcours est l’illustration du caractère Jacobite de la Franc-Maçonnerie française de cette époque.

- 1736 : initiation du Marquis de Calvières dans les milieux Jacobites d'Avignon dans la L\ dite de « Saint Jean ».

- 1737 : séjour de Calvières à Paris, contacts avec les milieux Jacobites

- 1737 : en août, Calvières est muni pour trois mois des pouvoirs du duc d'Aumont pour la fondation de la loge Saint‑Jean à Avignon (cf. P. Chevalier: Les ducs sous l'Acacia) en septembre Calvières continue de répandre la Franc‑Maçonnerie en Avignon.

‑ 1738 :cette année là, Calvières appartiendra à la célèbre loge Bussi‑Aumont et y sera nommé Dépositaire de l'Ordre, évidemment ordre Jacobite (cf. le manuscrit n' 891 de la Bibliothèque de Carpentras, page 68 à 70). Il s'agit évidemment de la Maçonnerie Jacobite puisqu'à cette époque il n'y en avait peu d'autres en France. À tel point qu'en septembre 1735 le Comte de Saint‑Florentin, secrétaire d'État était reçu franc-maçon.

‑ 1749 Des visites nombreuses de francs-maçons Jacobites vont se succéder à Avignon, la plupart, venant de Marseille. Oeuvraient à Marseille les LL\ Saint Jean de Jérusalem, Saint Jean des Élus de la Vérité, etc. En tout une bonne trentaine de loges, peut‑être simplement composées de dix à douze membres étant donné les problèmes de locaux.

Notons entre-temps l’allumage des feux de La R\L\ de Saint Jean de Toulouse par Jean de Barnwall de Tremlestown, Irlandais et Stuartistes, et l’installation de la « G\L\Ecossaise de Rouen » en 1746.

Dans cet apport successif et varié des loges dites Jacobites, il y en a une qui semble la plus à même de représenter le REP c’est celle de Marseille. Née 27 août 1751 par la volonté du Jacobite écossais Georges de Wallnon, qui est muni de pouvoirs datés d'Édimbourg le 17 juin 1751, constitue à Marseille la L\ Saint‑Jean d'Écosse. Le 17 mai de 1762 Georges de Wallnon transmet ses pouvoirs de V\et M\de L\à Alexandre Routier, et la L\prend alors le nom de « Mère‑L\de Marseille », titre qui lui restera longtemps. L\puissante, tant par elle‑même que par celles qu'elle créa en France et au‑delà des mers, car elle eut en sa volontaire sobriété une très grande influence sur le milieu profane par la présence de Maçons de qualité. Sa volonté d’essaimage, son caractère mercantile, accéléra son rayonnement au point de concurrencer le G\O\dont le dirigisme et le régime dit Français étaient mal compris.

Le développement se fit aussi bien dans les colonies qu’en Provence. On allume les feux des LL\filles à Draguignan, Salon, Arles, Tarascon, Saint Pierre de la Martinique, Saint-Domingue, Smyrne et Constantinople. On observera dès 1751, date de sa fondation, que les "décors" maçonniques y ont été francisés, le rouge de l'écossisme et le vert de l'irlandisme ont cédé la place au bleu de France. La résurgence actuelle de 1985 est revenue au rouge par respect pour la tradition écossaise confirmée par les Constitutions de 1720, qui la régissent. Le rituel tel qu’il fut pratiqué dans le temps se chargea des influences que la maçonnerie dans son ensemble a bien voulu accepter.

‑ 1794 à Marseille, dans le début de l'année, Barras et Fréron envoyèrent à l'échafaud cinq membres de la loge Saint‑Jean‑d'Ecosse, alors en sommeil.

‑ 1801 Saint‑Jean‑d'Ecosse reprend ses travaux. En 1811 elle comprend 400 membres, et ses LL\filles de Provence, du Levant, des Isles et même d'Italie témoignent de son rayonnement (cf. Les Rouyat : Archives de la Franc‑Maçonnerie). Mais à cette date le souvenir de ses véritables origines Stuartistes est à peu près oublié, elle réunit commerçants banquiers et négociants. Robert Ambelain donne quelques précisions sur les rituels de la Mère L\Ecossaise de Marseille, dans une note (LaFranc-Maçonnerie Oubliée, p. 79):

« En réalité nous possédons de ce rituel que la version manuscrite de 1812, comprenant également quatre grades supérieurs. Mais il est à peu près certain que les rituels du premier et du deuxième degré (App\ et Comp\) sont Jacobites, ayant été communiqués à l’origine par le maçon écossais Georges de Wallnon, leur simplicité en témoigne. Par contre, le rituel du troisième degré (M\) vient de la G\L\de Londres, car la maçonnerie Stuartiste de Saint-Germain-en-Laye ne connaissait que le M\de L\, et ignorait le rite de la mort d’Hiram. » Plus loin, (p. 133), il rappelle qu’il tient ses pouvoirs de transmission en matière initiatique et en matière de rituel, de son rattachement aux anciens devoirs es qualité Compagnon du tour de France des devoirs unis à l’Union compagnonnique ou il fut reçu « compagnon ymagier » et à la maçonnerie Stuartiste de Saint-Germain-en-Laye dont il possédait l’attestation, et le manuscrit rituel de l’époque. Cependant loin de feindre d’ignorer ces influences dont nous pouvons aujourd’hui nous féliciter, le Rite Ecossais Primitif a été protégé et expurgé de tout ce qui pouvait représenter une contre initiation potentielle.

C’est ainsi que fidèle à cette purification, le rituel du troisième grade n’entraîne pas le Comp\ en deçà des limites inférieures de l’être, l’expurgeant de détails qui n’apparaissent pas dans les rituels d’origine. Ainsi le Comp\ n’a pas à connaître la putréfaction pour lui-même en étant étendu sous un drap mortuaire taché de sang. C’est une situation trop risquée, sur un plan contre initiatique, pour être entreprise dans nos LL\. Les évolutions historiques furent si importantes que le REP fut additionné, refondu dans des généalogies aussi diverses que le Rite Ecossais Rectifié dont il est incontestablement le précurseur et le Rite Ecossais Philosophique notamment. Il en découle que les traces du rite se retrouvent conservées et à l’abri aux Etats-Unis, terre d’immigration par excellence et écrin de conservation des rites tels qu’ils sont au moment où ils arrivent. Il pouvait être obtenu patente auprès des dépositaires du REP, à savoir le Suprême Conseil des Rites confédérés qui émanait lui-même du Grand Conseil des Rites Unis. C’est donc des Etats-Unis que nous revient le REP, patente étant donnée le 30 septembre 1919 de ré instaurer le REP en France à Jean Bricaud. Cette patente est citée par Albert Lantoine dans son ouvrage « La Franc-Maçonnerie chez elle » p. 298 éd. Slatkine, Genève,1981, 2ème édition et par Albert Cools dans « Histoire du rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm en France » publié en 1971.

Ladite patente sera transmise par Bricaud à Constant Chevillon en 1934 qui la transmettra à son tour à Charles Henri Dupont en 1944 avant d’être arrêté par la milice. Durant cet épisode les archives et les patentes furent confisquées par la milice. C’est Robert Ambelain qui succéda en patente à Charles Henri Dupont et réveilla effectivement ledit rite dès 1985 dans la L\de réveil « Saint André d’Écosse », le 20 mars 1985 à Paris. Enfin il crée la G\L\du rite. Le 20 décembre 1991, Désiré Arnéodo devient V\M\ « ad vitam » de la « Lumière Ecossaise » conformément aux principes du REP en vertu d’une patente signée de Robert Ambelain. En 1993, nomination de Désiré Arnéodo au poste de G\M\ régional pour le sud et l’outremer. Remise en mains propres des patentes, rituels et notes historiques le 20 décembre 1993. Sa nomination en qualité de G M de la GLS en 1994 précède sa démission d’une structure devenue sans effectifs. Par les essaimages successifs de la Loge mère toujours détentrice de la pratique ininterrompue et conforme du rite depuis 1991, il fut décidé de recréer une Grande Loges Symbolique travaillant au Rite Ecossais Primitif en 2011.

Spécificité du REP

Le « Rite Ecossais Primitif » se réfère notamment à la Constitution de 1720 dite également Constitution de Payne plus proches des origines que les constitutions d’Anderson qui, tout en se voulant oecuménique, instaure une trop grande ouverture susceptible d’entraîner certains excès. Orangiste convaincu, Georges Payne fut terrifié par l’autodafé des Olds Charges qui dans les mois précédents furent l’œuvre des consorts Anderson et Desaguliers. Ce qui était en cause, c’était leur caractère gothique et catholique des rituels brulés, l’impossibilité de jurer sur la bible pour les plus anciens et la reconnaissance en une filiation écossaise, probablement souchée à Kilwinning pour les plus récents. Il est bon de rappeler qu’en pleine lutte pour la reconquête du pouvoir, les Stuartistes catholiques s’opposent aux Orangistes, Le pasteur James Anderson est un sectaire presbytérien, chapelain du Comte écossais David de Bucham; dès 1720, son acolyte Théophile Desaguliers, lui, deviendra député G\M\ de la maçonnerie Orangiste et comme Protestant s’engagera dans les rangs anglais à la bataille de Fontenoy.

Le nouveau grade de M\ introduit la légende de Hiram qui prend place de Nemrod et de la tour de Babel notamment. Il offre indiscutablement un horizon confessionnel plus ouvert voir oecuménique, en ce sens que le temple de Salomon reste une donnée commune et incontestable aux religions du livre. Chacune de ces religions peut s’y retrouver sans se confronter à l’obstacle de la confusion des langages de la tour de Babel ou aux non-sens historiques trop criants des anciens devoirs, de nature à défier l’entendement de ces messieurs de la Royale Society. Ce grade était inconnu par le Early Grand Scottish. Il introduit une influence hébraïque marquée par des développements ultérieurs qu’on appellera Noachites, c'est-à-dire religion remontant à la période de Noé, celle des hommes, avant l’apparition du peuple élu. Le Early Grand Scottish ne connaissait en effet que les grades d’ « apprenti entré », de compagnon, le seul maître connu était le M\ de L\, propriétaire et seul responsable de sa charge « ad vitam » conformément aux anciens usages. Ainsi la Mère L\Ecossaise de Marseille en 1751 pratique les deux premiers grades à conformément au Early Grand Scotish, et fait une adaptation du troisième grade anglais, en introduisant un cercueil en bois recouvert d’un linceul noir « et il n’y avait ni squelette ni ossements », les lois de l’époque ne l’ussent pas permis. Mais alors que le récipiendaire était couché dedans, recouvert d’un drap noir, on plaçait sur son visage un linge blanc légèrement aspergé de sang d’animal, qui constituait un pôle d’attraction occulte très efficace, toutes les traditions primitives l’attestent. Par précaution, nos glorieux anciens nous ont transmis une version expurgée de la dimension occultiste du troisième grade est restaurée dans le sens de la symbolique et du mythe propre à ce grade. Le récipiendaire restant debout, on ferme ainsi la porte, au dédoublement, aux « incorporations » associées au squelette au sang, ainsi qu'à la position couchée qui précède le relèvement. En se protégeant de la sorte, seuls le courant psychique et l’influence spirituelle sont transmis par le relèvement du maître intérieur. Si on se réfère aux différents écrits de Robert Ambelain sur le « Rite Ecossais Primitif », celui-ci possède trois spécificités : c’est un Rite traditionnel, symbolique et d’esprit christique.

Mais c’est aussi un Ordre d'origine militaire et donc exclusivement masculin lors de son réveil.(Devenu mixte depuis). Le « Rite Ecossais Primitif » respecte l'esprit des « anciens devoirs » de la période opérative, documents écrits entre 1390 et 1711, tels que le « Régius », le Cooke », le « Sloane », le « Dumfries » et reste le témoignage le plus appuyé de la transition spéculative qui par sa discrétion reste peu connu. Ce qui le caractérise son « archaïsme » (au sens de conformité à la tradition) c’est sa sobriété et sa pureté originelle. Ainsi la non-mixité du Rite et le caractère « Ad Vitam » de la Charge (Vénéralat et Grande Maîtrise) sont l’illustration du caractère « historique » du Rite.

Ces notions historiques s’adapteront (« ad vitam » pour le titre seulement) sans abandonner l’essence du Rite.

Grades pratiqués aujourd’hui et leurs équivalences

Le « Rite Ecossais Primitif » comptait à l'origine 7 grades, puis il en a connu 47 dans la profusion des hauts grades des 18e et 19e siècle, RA Gilbert cite dans Ars Quatuor Coronatum en 1986, que AE Waite dans son journal fait mention de sa réception au 44e degré du Early Grand Scottish. Constatons simplement qu’en 1751 la Mère L\de Marseille comprenait 7 grades. Soit les deux premiers App\ et Comp\, typiquement primitifs et qui ont toujours cous en nos tenues, celui de M\ d’importation récente, et enfin s’agissant des grades dits supérieurs, au 4e un grade dit de vengeance : M\ élu des neufs, au 5e : M\ parfait Ecossais d’Écosse réunis en chapitre et travaillant sur la parole sacrée et sa prononciation, un 6e : Chevalier de l’épée, surnommé chevalier de l’Orient ou de l’aigle, se réunissant aux deux Equinoxes, mars et septembre. Grade chevaleresque traitant de l’exil et du retour, avec Cyrus et Zorobabel. Enfin le 7e : Emané d’Heredon, grade donné en Chapitre R+C et de Saint André, au milieu du temple dévasté il s’agit de retrouver la parole perdue dans l’attitude du bon pasteur. D’une manière générale on constate que les grades de vengeance sont peu compatibles avec l’ésotérisme chrétien. Seuls les grades d’exils et de Saint André ou R+C sont de mise dans les développements du REP. C’est dans un souci de cohérence que Robert Ambelain a voulu restituer au rite son caractère épuré et traditionnel avec les 7 grades d'origine, dont un grade fonctionnel fort important quant à l’ancienne tradition des M\de L\.

Les deux premiers grades sont historiquement ceux du Rite Ecossais Primitif, certains grades se déclinent sous plusieurs appellations qui sont aussi des degrés :

I. App\, II. Comp\, III. M\(anciennement «Compagnon Confirmé»), apparu plus tard vers 1730.

Grades dits supérieurs et fonctionnels :

Chambre écossaise :

IV. M\Installé

(ou encore M\de Saint-Jean ou M\de L\)

Il constitue un grade fonctionnel pour exercer le Vénéralat. Il ne peut être accordé sans être déjà M\ écossais ou Écuyer novice.

V. M\ Écossais et Chevalier de Saint-André (équi. 18e) grade bicéphale avec un versant Ecossais et un versant Chevalier qui trouve ses origines légendaires dans la création par Robert Bruce de l’Ordre de Saint André du Chardon en date du 24 juin 1314, ce rituel n’est pas sans rappeler le retour des Stuarts sur le trône après l’exil, de plus on remarque que cet ordre fut réactivé en 1687 par Jacques II en plein effort de stabilisation au pouvoir.

Ordre intérieur :

À compter de 1991 pas de commentaire particulier si ce n’est que ces deux grades sont similaires à ceux du RER dans une forme simplifiée et essentielle cependant.

VI. Écuyer Novice du Temple (équi. 30e)

VII. Chevalier du Temple (équi. 33e)

Robert Ambelain s'est efforcé de redonner toute sa profondeur au « Rite Ecossais Primitif » en revenant à la Tradition d'origine qui donne au REP son style propre et si particulier de Franc-Maçonnerie chevaleresque, dans une simplicité restaurée.

Notons que Robert Ambelain après avoir apporté ce Rite en dépôts au suprême conseil des rites confédérés (Franc-Maçonnerie oubliée, p.62), en a repris la maîtrise totale, possédant seul la faculté de transmettre par lui-même, et assisté d’une G\L\ qu’il constitua. La G\L\, organe non initiatique, car purement administratif, devenue sans objet par défaut de LL\ adhérentes, les seules qui continuèrent l’exercice ininterrompu du rite sont en droit de transmettre ce dernier suivant l’ancien système L\ Mère à L\Fille puis, lorsque le nombre de LL\ est suffisant, il pourra être envisagé la reconstitution d’une G\L\légitime.

C’est ce qui se produit avec la Grande Loge Symbolique travaillant au Rite Ecossais Primitif, qui continue de fonctionner par essaimage transmettant la flamme de Robert Ambelain de la manière la plus authentique et traditionnelle. Est-il besoin de rappeler le principe de base en matière initiatique : c’est l’Homme qui transmet l’influence spirituelle et donc l’initiation. Une « organisation » constitue la structure indispensable de gestion et de contrôle uniquement. La transmission pour être régulière doit respecter scrupuleusement un rituel symbolique mis en œuvre par des initiés dépositaires.

\

E.°.R.°.

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A
Bonjour,<br /> Permettez deux courts extraits de mon blog relatifs à l’origine de la Franc-Maçonnerie et à celle du mot « Hérodom ». Merci.<br /> (Désolé d’avance pour la longueur, bien qu’il ne s’agisse là que d’extraits)<br /> Pythagorisme et rite d’Hérodom.<br /> A long time ago, very far in the past ..., au milieu du désordre que les révolutions religieuses avaient provoqué, une renaissance de l'Esprit … se produisit encore ; elle était représentée par une sorte de congrégation sacrée, assemblée secrète de gens sages et religieux qui se répandit en Europe, en Asie et même en Afrique, et qui lutta contre l'ignorance et l'impiété.<br /> Cette société secrète tendait à devenir universelle, elle rendit à l'humanité des services immenses. C'est ce que les Grecs ont caché sous le nom de Pythagore, quand on arriva à fonder à Crotone une succursale de cette société, déjà répandue partout.<br /> Cette renaissance ne semble être qu'un aspect particulier d'un grand mouvement d'idées qui aurait pénétré le monde civilisé six siècles avant notre ère. Il y avait alors des sectes qui par leur science, leur vie austère, leur morale supérieure, faisaient opposition à l'envahissement de l'erreur et du mal que l'ignorance générale avait fait naître.<br /> Origène, citant Celse, dit que les peuples les plus sages sont les Galactophages d'Homère, les Druides des Gaulois et les Gètes ; ces derniers, établis sur le Pont-Euxin, sont appelés aussi Galactophages parce qu'ils ne se nourrissaient guère que de lait et de fromage.<br /> C'est évidemment parmi ces sages qu'il faut chercher le fondateur ou la fondatrice d'une nouvelle congrégation qui va devenir une société secrète appelée le Rite d'Hérodom.<br /> Il existe encore dans la Franc-Maçonnerie moderne un Rite dit d'Hérodom, qui est considéré comme la continuation directe du Rite qui a précédé tous les autres. On l'appelle aussi Rite de Kilwinning, et encore Rite ancien et de Perfection.<br /> On a beaucoup cherché l'étymologie du mot Hérodom, sans rien trouver parce qu'on n'est pas remonté assez loin dans l'histoire des sociétés secrètes. On y retrouve le mot latin hœres, héritier, au génitif pluriel hœredum, et, pour comprendre la réelle signification de ce mot, il faut se rappeler que Junon est appelée Souveraine, Hera, en grec, et que ceux qui avaient hérité étaient appelés Hérès. Ceux qui servaient Junon étaient les Hérésides, et c'est de ce mot qu'on a fait héritier.<br /> Des représentations symboliques en l'honneur de Junon étaient appelées Héréenes, d'où Hérodom.<br /> Les initiés de Kilwinning donnaient le nom de Très-Sage à leur président.<br /> Ragon, ayant à parler de la légendaire montagne d'Hérodom, l'appelle une « montagne fictive ». (Rituel du Maître, p. 72,)<br /> Ida est la montagne consacrée à Cybèle, quelquefois appelée Idæe, ou surnommée Idéenne. Les Corybanthes, qu'on trouve dans les Mystères, sont appelées Idéennes.<br /> Rappelant les traditions passées, on montre que la grande Déesse des Galates portait le nom de Mater Idæa, que ses fidèles lui prêtaient serment sur le dolmen (eedt signifie serment, et hito pierre noire), et que de Madre Idæa on a fait Madrid. Enfin, sur les pierres qui formaient cette enceinte olympienne étaient les momies, c'est-à-dire les Grandes Déesses, oor-ahn (oor, grand, ahn, parent), ce qui fit donner au ciel symbolique le nom de Ouranos (Dictionnaire Celtique).<br /> Nous trouvons encore une autre façon de représenter le Mont Ida. Le pays Kymris se disait aussi Cimmérien, et de ce mot on fit cime ; comme de Kaldée, qu'il avait formée, on fit crête ; une élévation, une montagne, une cime.<br /> De là cette métaphore : « entasser montagne sur montagne pour escalader le ciel ».<br /> Et pour prouver que ce sont bien les Kymris qui ont cette supériorité, on rappelle qu'un prêtre de Bélénus, d'après Ausone, est appelé Beleni Ædituus (professeur). Or les prêtres de Bélénus, ce sont les Druides.<br /> Le rite d'Hérodom se compose actuellement de 25 degrés ; mais sa première classe, qui fut sans doute la primitive, comprend trois degrés comme les Mystères druidiques. Ce sont les trois degrés de l'Ecole Pythagoricienne.<br /> Si nous rapprochons maintenant le nom de Junon de sa forme première, nous voyons que c'est un dérivé du nom de Ana (Jana) qui signifie ancien.<br /> Hera représente donc l'héritage de la science ancienne, celle qui fut formulée dans l'A-Vesta par Ardui-Ana-ita.<br /> Le mot as (ans ou hans), qui signifie ancien (d'où ancêtre), est le titre honorifique des Mères (les anciennes). De là, la hanse germanique et les villes hanséatiques.<br /> La Mère, appelée aïeule, donne l'idée du culte des ancêtres. On honore la Voluspa (Edda) et Thot, la première révélatrice.<br /> C'est ce qui irrite l'orgueil des masculinistes. Pourquoi honorer une femme et pas un homme ? Et c'est là le premier germe de l'idée qui fit créer des dieux mâles.<br /> Nous trouvons ces nouveaux Mystères en Egypte, d'où ils passent à Corinthe où Isis porte le surnom de Pélasgique.<br /> En l'honneur de Cybèle, on célébrait les Phrygies. Cette Déesse est la Mère de la Phrygie, la Mère Phrygienne (Mater Phrygia), la bonne Mère, Mâ, appelée Dindymène par les Grecs. (N'est-ce pas de ce mot qu'on a fait dinde ?) De la Grèce, ces Mystères passent à Rome vers le temps de Sylla, dit-on.<br /> Les Mégalésies étaient des fêtes et des jeux solennels en l'honneur de la Grande Mère des dieux.<br /> Les Matralies étaient des fêtes en l'honneur de Matuta. La fête des Dames romaines était appelée Matronalies.<br /> Il y avait aussi les Matères ou les Mères, qui étaient symbolisées par des Déesses révérées à Engyon, ville de Sicile.<br /> On célébrait aussi des Mystères à Samos, île de la mer Méditerranée, vis-à-vis de l'Ionie, en l'honneur de Junon qui y était adorée et qu'on avait surnommée Samienne.<br /> On appelait lustration une cérémonie religieuse très fréquente chez les Romains. Elle se faisait ordinairement par des aspersions, des processions, des sacrifices d'expiation. Les plus solennelles à Rome étaient celles des fêtes lustrales, qui se célébraient de cinq ans en cinq ans, d'où vient l'usage de compter par lustres (comme les Olympiades). C'était la période de renouvellement des unions consacrées pour cinq ans.<br /> Le mot lustration, qui éveille une idée de propreté, rappelle le mot sabéisme (voir l'article sur la Perse) qui contenait la même idée ; ce qui prouve que les hommes n'ont gardé que ce souvenir, alors que toute la partie abstraite de l'enseignement donné dans les Mystères avait disparu. Les ministres de Cybèle se nommaient Galli, ainsi que les ministres de Mabog. (Voir Cailleux, Or. Celt., p. 298.)<br /> On ridiculisa Cybèle et les Sibylles.<br /> De Cybèle on fit Cyboleth, en attendant les Catholiques qui en feront Saint Sabadius, et comme les Sibylles avaient rétabli la loi de la communion sanctifiée et réglementée, la Sibylle devint le vase d'élection, ce qui fera donner le nom de ciboire au vase dans lequel les prêtres catholiques conservaient les hosties consacrées, image des anciens épis de la Déesse Cybèle.<br /> La Sibylle garda le prestige mystérieux de la femme cachée comme l'antique Schyl (Achille) d'Homère, dont elle semble une résurrection. Faisons remarquer que les Mystères sont toujours fondés par trois femmes : un triangle. Et c'est de là que vient l'idée du tré-pied des Prêtresses. Dans la langue germanique, trois se dit drey et pied fus. Voilà donc un nom, Dreyfus, qui a une haute signification mystique.<br /> La Prêtresse, pour enseigner, s'asseyait sur un trépied sacré, ordinairement d'or ou d'argent, devenu une espèce de petite table triangulaire qui existe encore dans les Loges maçonniques.<br /> Sur l’origine de la Franc-Maçonnerie.<br /> Au verset 5 du second livre de Samuel, il est dit : « Il n'en était pas ainsi de ma maison ; mais Elle m'a établi dans une alliance éternelle, bien ordonnée, et ferme en toutes choses. Elle est toute ma délivrance et tout mon plaisir, et ne fera-t-elle pas fleurir ma maison ? »<br /> L'alliance éternelle et bien ordonnée dont parle le verset 5 fait allusion à la fondation d'une immense fraternité secrète qui a été éternelle en effet, puisqu'elle est devenue la Franc-Maçonnerie.<br /> Les luttes soutenues par la Reine Daud (devenue le « roi David ») avaient fait comprendre à cette grande femme que la puissance féminine, qui s'affaiblissait, ne reprendrait ses forces que dans une organisation nouvelle, mais secrète, qui permettrait aux défenseurs de l'ancien régime gynécocratique de se réunir, de s'instruire, de se concerter pour l'action contre l'envahissement du pouvoir masculin qui s'imposait par la force.<br /> Elle comprit que les femmes ne pouvaient plus lutter ouvertement et qu'il leur fallait désormais trouver un moyen de se réunir pour s'entendre et continuer à enseigner l'antique vérité, sans être inquiétées par leurs ennemis.<br /> On retrouve partout cette préoccupation des femmes antiques qui leur fait chercher « la sécurité », ce qui prouve bien que les hommes les persécutaient, qu'ils empêchaient leurs réunions, par ruse ou par violence, en même temps qu'ils les livraient à la raillerie et à la calomnie des « impies », c'est-à-dire des envieux, des hommes pervers.<br /> C'est alors que nous voyons naître l'institution d'une grande Société secrète, et jeter les fondements d'un Temple, sanctuaire respecté où les femmes et leurs alliés s'entourent de grandes précautions, pour empêcher l'introduction parmi elles de ceux qui pouvaient les trahir.<br /> Ce sont ces femmes qui, avec Daud, posèrent la première pierre de ce Temple mystique. Nous disons mystique parce qu'on va y déposer l'arche qui contient le Sépher de Myriam (la Genèse, premier livre du Pentateuque), et que le mot mystique, comme mystère, désigne tout ce qui nous vient de cette grande Femme.<br /> Cependant, c'est à Salomon que la Bible masculine attribuera la construction du Temple, et le récit en sera même fait avec un si grand luxe de détails que nous considérons cette exagération comme une preuve de sa fausseté. C'est en mentant qu'on explique le plus et qu'on prend le ton le plus affirmatif.<br /> Daud entreprit donc de faire construire à Jérusalem un Temple, qu'elle appela la Maison de Hevah.<br /> Elle y employa des richesses immenses et en fit un édifice somptueux, qui eut une renommée mondiale et qu'on venait voir de partout. Le nom sacré de Hevah, הדה, était sur le fronton. Lorsque le Temple eut été bâti, le Livre ainsi que l'arche furent déposés dans le sanctuaire.<br /> Cette construction était faite de façon à rappeler, dans les détails, la science de Myriam qu'on allait y enseigner. Sept marches s'élevaient devant l'entrée pour rappeler les sept Elohim. La construction était située de façon que l'estrade était à l'Orient. Dans la salle était un endroit appelé l'Oracle, où se plaçait l'Orateur, car c'est surtout pour enseigner que le Temple fut édifié.<br /> La Bible vulgaire raconte la construction du temple d'après les renseignements des prêtres de la religion juive, qui ne furent jamais initiés aux Mystères de Jérusalem, et n'en connurent jamais que ce qu'on en révélait aux profanes ; aussi leur histoire est pleine de confusion et d'inexactitude.<br /> La reine Daud ne fut pas seule à fonder l'Institution secrète qui devait se propager jusqu'à nous à travers la Franc-Maçonnerie.<br /> Elle eut deux collaboratrices : deux Reines-Mages (ou Magiciennes) qui, avec, elle, formèrent le Triptyque sacré que les trois points de l'Ordre ont représenté depuis.<br /> L'une est Balkis, reine d'Ethiopie (appelée la reine de Saba), l'autre est une reine de Tyr, que l'on a cachée derrière le nom d'Hiram : « Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant L'usage des Européens : Hiram alors devient Maria ou plutôt Myriam. Le heth (H) final en hébreu se prononce A.<br /> Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/<br /> Cordialement.
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N
BONSOIR à quand GLSREP au CAMEROUN?
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